Vic Moan est un auteut-compositeur-interprète américain, établi en France depuis les
années quatre-vingt.
Samedi soir, dans le temple protestant de Rochefort, j'ai pu assister à un concert littéraire de son cru, dans lequel il met en voix et en musique ses poèmes récemment parus sous le titre Noir de monde. Il était accompagné pour ce faire de la talentueuse contrebassiste Sarah Murcia, ainsi que d'un guitariste dont je n'ai pu retrouver le nom.
Vic Moan lui-même joue de la mandoline électrique. Les textes étaient dits tantôt en anglais, tantôt en français (voire les deux en même temps, ou à la suite), à une ou à deux voix. Toutes les possibilités de la mise en voix ont été explorées, avec plus ou moins de bonheur, mais la musique était toujours belle, et quelques bouts de textes venaient toucher l'esprit, tout à coup.
J'aime beaucoup sa voix grave et légèrement éraillée. On peut l'entendre
dans l'excellente chanson du générique de début du dessin animé Hukleberry Finn ! Vous pouvez l'écouter ICI, mais le son est très mauvais...
Vic Moan - P. Griffon © Radio France
Des silences, des moments purement instrumentaux entrecoupaient aussi les lectures et donnaient une belle atmosphère, entre humour, plaisir esthétique et désespérance du monde. Mais en anglais, à l'écoute, difficile parfois de comprendre (d'autant qu'un micro dans un temple, cela donne un acoustique floue et une résonance pas franchement agréables). Nous avons donc acheté le livre, qui contient également d'intéressants dessins de l'artiste. Seize poèmes dans les deux langues, et trente-trois en anglais uniquement. Je lis les premiers d'abord en français, pour
le sens. Puis en anglais, pour les rythmes et les sons. Puis je relis la version
française et j'apprécie la traduction.
Certains poèmes me semblent plus beaux en anglais, la lecture offrant des rythmes et des sons
particuliers, puissants et chaloupés. Curieusement, peut-être parce qu'il vit depuis trois décennies en France
et qu'il a intégré les particularités, la syntaxe de notre langue, d'autres me paraissent plus musicaux en version française.
Cela dit, il a travaillé lui-même aux traductions, et ses poèmes en anglais s'y offrent avec une certaine facilité, les assonances glissent d'une langue à l'autre, les phrases n'ont pas souvent à se contorsionner : Vic Moan m'apparaît comme un ambidextre de la langue, plutôt que comme un bilingue.
Ses dessins étranges, au surréalisme enfantin, réinterprétables à l'infini, me plaisent beaucoup également. Il en discute volontiers, simple et gentil, avec son accent so delicious, entre deux dédicaces.
Je vous présente ici une petite sélection, en attendant que son site fonctionne, car pour l'instant, impossible d'accéder au livre où que ce soit, d'après mes recherches en tout cas.
Cela dit, il a travaillé lui-même aux traductions, et ses poèmes en anglais s'y offrent avec une certaine facilité, les assonances glissent d'une langue à l'autre, les phrases n'ont pas souvent à se contorsionner : Vic Moan m'apparaît comme un ambidextre de la langue, plutôt que comme un bilingue.
Ses dessins étranges, au surréalisme enfantin, réinterprétables à l'infini, me plaisent beaucoup également. Il en discute volontiers, simple et gentil, avec son accent so delicious, entre deux dédicaces.
Je vous présente ici une petite sélection, en attendant que son site fonctionne, car pour l'instant, impossible d'accéder au livre où que ce soit, d'après mes recherches en tout cas.
"A PROPOS DE CE TIGRE", extrait :
Mon préféré, en anglais comme en français :
Il a dit : "La poésie est un art qui requiert sens de l’observation, discipline et désinvolture." C'est exactement ce que l'on ressent en le lisant, non ?
Dandy vintage à la silhouette de grand héron élégant, caustique et désarmé à la fois, décalé, surprenant, crooner à ses heures, Vic Moan a été reconnu tardivement, grâce à l'amitié et/ou au soutien d'artistes influents comme M ou Vincent Segal (son premier album, Soul kiss, est sorti en 1998). Il se produit maintenant régulièrement, et vaut le détour. On peut écouter une ou deux chansons ICI, que l'on retrouvera dans l'émission que France culture a consacré au recueil.
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