jeudi 11 décembre 2014

Le sel de la Terre


Gravé en moi : le regard de Salgado sur la souffrance.


Et puis quelques répits, dans la joie de la contemplation.




Chaque photo de Salgado est un tableau, presque une eau-forte parfois ; les contours sont nets à couper le souffle, et sa lumière vous happe instantanément. Je sais que cette technique en gêne certains, mais ce n'est pas mon cas ; elle lui appartient, et coexiste avec les techniques d'autres grands photographes. Sa lumière, ses puits et ses pans coupés, comme passés au glacis de cendre. Un noir et blanc implacable, tout en place dans l'immobile infini du mouvement.
J'aurai chez moi dès que possible ses livres, pour pouvoir me replonger encore et encore dans leur magie faite d'aplats argentés et d'énergie vitale. Mais rien ne vaut l'immersion pleine du grand écran : avoir la chance de voir les photos dans ces conditions (elles occupent une belle partie du film, ne défilent pas trop vite) est une chance irremplaçable.

Otra-vista.com

La voix de Salgado, celle de Wim Wenders (Les Ailes du désir, Pina, Buena Vista Social Club, Paris, Texas,...), vibrantes et placées... Le réalisateur manifeste sa présence complice et son intérêt pour la recherche photographique avec une intensité légère.

Si les hommes sont le sel de la Terre, Wenders et Salgado en sont l'écume. Leur duo magnifique semble pouvoir sauver ce qui ne pouvait plus l'être.

Deux références des Évangiles :
 Matthieu 5-13 : Vous êtes le sel de la terre.
 Marc 9 49-51: Car tout homme sera salé de feu. Le sel est une bonne chose... Ayez du sel en vous-même et soyez en paix les uns avec les autres.

On sort du cinéma en pensant, comme lorsqu'on était enfant, que plus tard, on sera comme eux. Et que plus tard, pour nous, il faut que ce soit maintenant.
Le film me travaille tous les jours, de différentes manières. Entre Brésil et Koweït, Rwanda et France, Enfer et Paradis.En point d'orgue, une forêt replantée.


Pour rester un peu avec eux (à regarder plutôt après) :

Exposition de la BNF sur Salgado

Une brève interview de Wenders sur le film, assez riche sur le plan esthétique : CLAP

Et les propos d'une avant-première suisse reproduite par la Cinémathèque suisse :

 Un parfait complément (à regarder plutôt après) : Une conférence de Sebastiao Salgado lui-même,
"Le drame silencieux de la photographie".

2 commentaires:

La licorne a dit…

Ces photos, ces photos. Magnifiques. Breathtaking.

Chloé a dit…

"Le drame silencieux de la photographie", c'est un titre magnifique, qui résumé tout...
Très bel article, vraiment.
Toujours pas vu, précisément parce que je ne veux le voir qu'au cinéma et que c'est dur de prendre le temps, mais il passera bien encore à Paris fin janvier, et là je sauterai sur l'occasion.
Quand je pense que j'ai raté l'expo de la MEP l'an dernier... je m'en mords encore les doigts...
Merci de nous en avoir mis plein les yeux !