vendredi 11 juillet 2014

Les Impressionnistes en privé - Monet-Marmottan

Je ne vais pas gloser beaucoup sur cette belle exposition que j'ai pu voir le tout dernier jour ! 
Comme son nom l'indique, et comme le musée le favorise, c'était tout simplement une rencontre intime avec des tableaux nouvellement exposés (100, très exactement...) de ces génies de la nature et de la ville, des mers et des rivières, des nuages et des lumières que sont les impressionnistes. Peu d'explications, un parcours chronologique, et finalement l'impression délicieuse de découvrir de nouveaux trésors, parfois surprenants au regard de ce que l'on connaît du peintre : un portrait un peu différent de Berthe Morisot, un Guillaumin qui flirte avec le fauvisme, un Monet qui s'écarte de sa palette habituelle, un Renoir qui semble jouer tout à coup au Pissarro, d'exquises petites aquarelles de Boudin...  une toile de Cézanne énigmatique, deux Sisley sublimes côte à côte, les arbres frissonnants de Corot, des Degas peints loin de l'opéra, des Caillebotte qui changent la perspective, la découverte de peintres inconnus du profane comme Jongkind, une esquisse de Manet que l'on préfère finalement à la version définitive connue de tous... Un plaisir renouvelé à chaque tableau, et qu'une reproduction ne peut pas vraiment exprimer. Néanmoins, voici quelques-unes des toiles que j'ai préférées. De mon petit chez-moi, j'envoie un merci inaudible aux généreux collectionneurs qui ont accepté de se séparer pour un temps de ces merveilles (les toiles arrivaient de Houston, de Dallas, de Mexico (fantastique collection Pérez Simon), de Suisse... , ainsi qu'à la belle asiatique qui nous a généreusement prêté son parapluie pendant l'heure d'attente ! 

Les précurseurs : Camille Corot, Johan Jongkind, Eugène Boudin, Edouard Manet (il y en a bien d'autres, bien sûr, Turner, Van Gogh, ... mais pas dans cette exposition!)

Un bar aux Folies-Bergère, Edouard Manet, esquisse, 1881
 Chez Corot, les arbres vivent dans des verts assourdis, et les postures des animaux sont merveilleuses de dynamisme. Ce petit cheval semble prêt à hennir, et la tête à peine esquissée de la vache nous attache tout de suite à elle...
Camille Corot, Le cavalier sur la route, 1860-1865
Camille Corot, La vachère au bord de l'eau
Voilier dans le port de Honfleur, Johan Jongkind, 1863
Les maîtres : Monet, Renoir, Degas, Caillebotte, Cézanne, Sisley, Pissarro, Morisot, ...

La fameuse Rue de Halevy, vue du 6e étage - Gustave Caillebotte
Le pont Corneille à Rouen, brume matin, 1896 - Camille Pissarro (que Zola aimait tant)
Une cour à Chaville,  Sisley
Sisley, peintre de l'eau et du ciel, est l'auteur de deux autres merveilleuses toiles de l'exposition dont je n'ai pu trouver de reproduction. J'aime beaucoup cet impressionniste anglais moins chanceux que les autres, dont le nom n'évoque plus malheureusement pour beaucoup de femmes qu'une marque de produits de beauté... On peut voir quelques très belles toiles de lui au musée d'Orsay.

Et puis, encore et encore, Monet, prolifique enchanteur dont on ne peut se lasser :
Les Peupliers, automne, vers 1891
Antibes, 1888
Reconnaissez-vous l'aiguille d'Etretat ?
Il faut voir ce Voilier au Petit-Gennevilliers (1874) en vrai : une lampe semble éclairer la toile de l'intérieur.
Une palette inhabituelle chez Monet pour un résultat magique : Bras de la Seine près de Vétheuil, vers 1878
Un étonnant dessin de jeunesse (Monet : 1840-1926) : Femme à la broche, vers 1857

Enfin les deux clous de l'exposition, toujours de Claude Monet, irradient depuis le dernier mur : une version très belle en clair-obscur de Leicester Square, la nuit, et puis cette grande toile, un carré parfait de deux mètres de côté :
Hémérocalles au bord de l'eau, vers 1914. Il faut voir ces couleurs, cet orange, ce violet vifs et pleins de lumière monter vers vous en vrai...
Face aux toiles impressionnistes, les sensations prennent toute la place, on oublie de chercher à s'instruire, on se noie dans la vibration des reflets et des contours, l'évaporation des brumes, le flamboiement des lumières, le frissonnement du vent. L'émotion impressionniste, dans son élan croisé vers l'extérieur et l'intime, me semble accessible, potentiellement sensible à tous, sans culture préalable nécessaire, et c'est sans doute pourquoi je l'aime tant et la choisis souvent pour faire découvrir la peinture à ceux qui ne l'ont jamais fréquentée.

3 commentaires:

Manon Naïs a dit…

Adèle, merci beaucoup pour ton joli commentaire, je suis navrée, je l'ai effacé par une fausse manipulation... Si tu repasses par ici, ce serait très gentil de le reposter ! toutes mes excuses !

Manon Naïs a dit…

Retrouvé sur mon mail, je le reproduis ici :

Merci beaucoup pour ce très beau compte rendu d'une expo que j'ai hélas manquée, à mon grand regret.

Je souscris entièrement à ce que tu dis à la fin de ton article: lorsque j'étais en CM1, j'ai eu la chance que mon institutrice fasse venir en classe un passionné de peinture qui nous a fait voir (en diapositives, à l'époque!) et commenté des tableaux; de là date bel et bien mon goût pour la peinture... et figure-toi que c'était en effet des tableaux impressionnistes.

Adèle

Cél a dit…

Je suis restée stupéfaite devant ce voilier, quelle merveille...
Merci de ce partage, tout est magnifique!