Dans l'ensemble, c'est une exposition dont je retiens peu de toiles : soit je n'ai pas spécialement aimé les artistes présentés, soit les œuvres étaient assez mineures ou peu nombreuses par rapport à ce que j'espérais, notamment concernant Van Gogh et Van Dongen.
De ce grand peintre fauve manquait notamment le Portrait de Guus Preintinger, disparu depuis la première version de l'exposition, en Hollande.
La salle qui lui était consacrée offrait toutefois deux belles scènes de danse qui nous rappellent que le tourbillon parisien n'était pas que pictural, et que Matisse est passé par là :
Danseuse indienne
Souvenir de la saison d'opéra russe
ainsi qu'une belle série de 1906, illustrant les recherches de Van Dongen (en écho avec Sluijters) sur la lumière électrique et les tourbillons de la fête du Moulin de la Galette et d'ailleurs, bel exemple de cette touche si intéressante, faite de sortes de pétales creux, le pinceau appuyé pour repousser la peinture vers les bords.
Le Lustre
Le Violoncelliste (intéressant décadrage...)
La salle la plus marquante pour moi est celle consacrée à Breitner, peintre méconnu que j'aime énormément, et qui vaut à elle seule le déplacement.
George Hendrik Breitner (1857-1923) est un peintre et photographe célèbre dans son pays, beaucoup moins chez nous. Ses œuvres "parisiennes" (issues de ses deux longs séjours dans la capitale française), peintes entre 1884 et 1890, sont particulièrement puissantes, et ne dépareraient pas la couverture d'un Maupassant ou d'un Zola - les naturalistes fascinaient le peintre, de même que son comparse Van Gogh.
Breitner découvre à Paris la peinture réaliste et impressionniste. Il est particulièrement touché par Degas et Manet.
Toutefois, il portait déjà en lui une grande force expressive et spontanée, comme en témoigne cet autoportrait de 1882.
Il réalise sa propre fusion de diverses influences, de l'orientalisme à l'impressionnisme, du réalisme à Rembrandt. Il semble même se rapprocher parfois de la puissance expressionniste qui naîtra plus tard.
Quoi qu'il en soit, ses toiles variées et singulières le feront rapidement entrer dans l'avant-garde hollandaise.
Pour ma part, les multiples facettes de son talent me laissent sans voix. Voici quatre toiles à admirer dans l'exposition ; si elles vous plaisent, je vous invite à en découvrir d'autres sur Internet, et notamment Pinterest.
Le Cheval de Montmartre, 1884 (une toile naturaliste, à n'en pas douter ; la présence fantastico-réaliste de ce cheval en piètre état, en clair-obscur, est saisissante).
Nu allongé, 1888
Femme debout, à moitié dévêtue, vers 1889
Le Kimono rouge, 1893
Enfin, petit coup de cœur pour une toile toute simple d'Anton Mauve :
Chevauchée matinale sur la plage, 1876
Un sujet mondain, rare pour ce peintre de l'école de La Haye qui s'est surtout consacré aux travailleurs modestes.
Je l'aime pour les robes des chevaux, la lumière de la mer du Nord et la posture du cavalier de gauche, dans laquelle je retrouve tout de suite les sensations des promenades décontractées.
Voilà, la première expo de la saison pour moi, qui sera suivie de bien d'autres de mai à juillet, car de nouvelles se sont ajoutées à la liste, en particulier "Mondes Tsiganes" au musée de l'histoire de l'immigration et "Ames sauvages, le symbolisme dans les pays baltes" à Orsay, et une double exposition à La Maison Rouge.
Bons bains de culture à tous, et à bientôt pour partager les joies de mon voyage grec.
Un beau printemps.
1 commentaire:
Oui, Van Dongen, cet amoureux des femmes : " "C'est toute la terre et tout le réel, c'est le feu de la vie, c'est l'épouse et c'est aussi l'amante, l'oubli dans la volupté"... Il commence bien (participe aux dessins de l'assiette au beurre), finit mal (part en Allemagne avec d'autres peintres, en 40, dans un voyage interlope). J'ai toujours adoré ce mouvement : les couleurs vives, l'aspect "cruel" de la représentation, cela vit...
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