"Still life" est le titre original. Nature morte ? Non... Vie immobile ? Encore la vie ? Oui... Mais je dois dire que le titre français, coupable de grande distance avec ce qu'il est censé traduire, me plaît beaucoup aussi.
Uberto Pasolini... récompensé à la Mostra de Venise... Quel joli jeu du cinéma avec ses grands noms.
Ce n'est pas une comédie à proprement parler, même si l'on sourit souvent. "Tendre" est réellement l'adjectif qui va et vient à l'esprit devant ce film, après ce film. Attendrissant, précisément parce qu'il n'en rajoute pas. Le film dans son ensemble n'a pas honte de ses sentiments, mais la subtilité le porte de bout en bout. Les scènes, les regards, les gestes, les paroles, les cocasseries ne sont jamais ostensiblement offerts, qu'ils soient poignants ou amusants : ils s'arrêtent juste à temps pour que nous en saisissions la saveur et l'émotion, sans s'attarder. Les répliques résonnent puis s'évaporent, parce que la vie est là, qu'elle ne laisse pas le temps ni la force de tout dire. Pas comme au cinéma.
Toute la soirée, ce modeste mais profondément humaniste voyage chez les solitaires, les simples, les sensibles, les écartés qui nous entourent m'a bercée de sa lumière douce et mélancolique, sans la moindre morosité. Un aspect inattendu de la mort qui donne envie de vivre dans un monde vert et bleu.
Eddie Marsan, pro des grands seconds rôles pas toujours tendres, est dans cette composition inhabituelle un acteur tout en nuances et en finesse. John May, ses presque TOC, son regard brillant d'humanité contenue, sa bouille sans âge et sans mollesse, ses petits pas parallèles, ses brusques élans d'énergie et ses sourires fugitifs... Vous l'aimerez tout de suite. La caméra le suit, et c'est bien assez. Les visages parlent autant que les bouches, tout au long des séquences, tant le casting est excellent. La bande-son, très sobre et touchante elle aussi, nous accompagne précautionneusement.
Je suis encore toute percluse de sourires émus.
Je ne suis pas d'accord avec ceux qui trouvent le film sans relief ou moraliste, vous l'aurez compris. Pas du tout. Les angles morts de la société sont simplement explorés, et un homme faussement plat, tenace, pugnace, au grand coeur nourri au thon en boîte et regonflé aux sels pétillants, nous les fait aimer.
Désespérant d'espoir.
La toute dernière scène, à la limite, est de trop, mais elle remplit son rôle, et la réalité reste bien ancrée à l'âme, sans peser. Film funambule, sinon comédie.
3 commentaires:
Tu devrais proposer ta plume au journal de l'Utopia ! ^^
Merci du compliment :-).
Je suis allée voir ce film il y a deux semaine, j'ai beaucoup aimé. J'ai ri parfois, et puis une certaine scène m'a faite pleurer...
En tout cas je ne regrette pas d'être allée le voir
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