dimanche 17 janvier 2016

Féérie des Florentins à Jacquemart-André

Emballée je reviens de la merveilleuse exposition sur les portraits à la cour des Médicis, à Jacquemart-André.

"Peu" de toiles (une quarantaine), mais quelles toiles !
Je vous laisse lire le site pour le parcours fléché. L'affichage explique, en lien avec les thèmes picturaux, l'histoire complexe du règne des Médicis. J'ai également appris que les grands bûchers de vanités, sous la dictature théocratique de Savonarole, virent même Botticelli brûler ses propres toiles... J'en ai eu l'imagination saisie...
Bref, je me contenterai de vous présenter mes gros coups de coeur, même si toutes les toiles sont d'une immense finesse et témoignent d'un art admirable du dessin et de la couleur. Prêtez attention aux cartels, parfois développés, et aux supports, parfois étonnants (je ne savais pas que l'on pouvait peindre sur cuivre!)
Tiens, pour accompagner ce parcours imagé, écoutons...

 Toiles humanistes, culte de l'amitié - qui donne irrésistiblement à penser à Montaigne et La Boétie - et parfois austères... On est facilement happé, dans la première salle, par ce Portrait d'homme de Franciabigio (que l'on peut admirer au Louvre toute l'année) :


Ensuite, je crois avoir vécu un nouveau "syndrome de Stendhal" devant les deux portraits d'Andrea del Sarto, (sur les quatre qui restent dans le monde, d'après le cartel...) : les couleurs, en vrai, sont encore plus envoûtantes, et les regards, malicieux ou mystérieux, droits dans les nôtres, contrairement à l'inexpressivité recherchée par la plupart des portraitistes de l'époque, me vont droit au coeur.
Ce Portrait d'une jeune femme en jaune, inachevé, me bouleverse. J'y sens tout un monde de non-dit, de retenue et de sensualité mêlées, un visage qui se livre sans se livrer... N'est-elle pas, d'une autre manière, aussi fascinante que la Joconde ?


Et voici une jeune et taquine lectrice de Pétrarque, qui nous désigne des poèmes cachés... Seul l'observateur érudit était, et sera capable de lire et d'identifier Pétrarque sur la page de droite, et de savoir quels étaient les sonnets précédents ! Si vous voyiez la beauté de ce bleu velouté et de ces cheveux aux reflets roux...
Le jeu entre peinture et poésie symbolise aussi la dualité entre corps et âme...


Autre génie, Bronzino. Le portrait star de l'exposition est magnifiquement mis en scène, dans un cadre ébouriffant et une lumière parfaite. Le bleu, le violet éclatent, le détail de la coiffe et de la robe également : on en oublierait presque le sujet, Eléonore de Tolède...


Bronzino, c'est encore et toujours un coloriste de génie : ces verts, ces rouges pleins de contrastes ! Mais je ne leur trouve pas les mêmes merveilleuses nuances, lumineuses et vibrantes, que chez del Sarto.

La matière de la tenue est peinte d'une manière extraordinairement précise et vivante. Quant au mystère de ce cache-sexe proéminent... je m'en vais chercher quelques éclairages ! ^^


Voici maintenant Maria Salviati (mère de Cosme Ier) peinte par Pondormo dans une pâleur à la fois virginale et sensuelle... presque un clair-obscur :

A ne pas confondre avec le peintre Francesco Salviati, qui n'est qu'un pseudonyme pour di Rossi, et qui est un autre des génies bien représentés dans l'exposition, avec notamment ce Portrait de jeune homme accompagné d'une biche (symbole de la douceur et de la timidité du modèle) :

et ce Joueur de luth identifié comme étant le Français Jacquet du Pont :

Ce qui frappe aussi sur chacune des toiles, c'est la beauté sublime des mains... Cela tombe bien, à la sortie des salles dédiées, l'expo se prolonge avec la projection de l'émission "Grand Art" d'Hector Olbak consacrée aux "mains maniéristes" comparées de Sarto, Corrège et Bronzino... Merveilles...
Il apporte des éléments faciles à retenir, et on se surprend à tester sur soi "l'escalier de doigts"!


Il ne reste qu'une semaine, vite vite, et n'hésitez pas à profiter aussi du café dont je parlais déjà ICI, et à circuler dans les belles salles où se trouve la collection permanente, pleine du parfum des grandes maisons d'autrefois.


On peut même s'allonger sur une grande banquette pour admirer ce plafond :

et tomber en arrêt (encore) devant quelques merveilles (encore) italiennes. 

J'ai beaucoup d'articles en retard (un film et deux autres expositions qui viennent de se terminer - Splendeurs et misères à Orsay, Barbey à la MEP - des coffrets à bijoux...) : je pense qu'ils vont pleuvoir dans les jours à venir, d'autant que les statistiques du blog semblent exploser tout à coup ce mois-ci sans que je sache trop pourquoi (mais j'en suis ravie, bien sûr).
Hélas, on m'a volé dans le métro un sac contenant mon appareil photo numérique et tout mon maquillage, et que je n'ai pas pour l'instant de quoi les remplacer. Mais je ferai sans un moment !

En vous souhaitant toujours plus de plaisirs esthétiques et culturels, à bientôt ! 

2 commentaires:

Chloé a dit…

Merci pour ce retour sur l'exposition ! D'autant qu'elle ne me tentait pas trop (il y en avait tant en même temps qu'il était même difficile de faire des choix pour tout faire entrer sur les week-ends impartis), mais la sélection de tableaux que tu as choisie est très impressionnante, et me ferait presque regretter.
Je trouve le portrait sur fond vert particulièrement beau.
Tu sais que je n'ai toujours pas testé le salon de thé du musée ?
Les deux prochaines expositions étant fort prometteuses, j'espère que ce sera l'occasion !

Manon Naïs a dit…

Promis, on ira voir la prochaine expo ensemble et on y brunchera. :-)