mardi 2 mars 2021

Les écrits de Marylin Monroe

Peut-être, parmi le star system, Marylin détient-elle une sorte de record pour ce qui concerne la négation de son intériorité, de sa complexité, de ses qualités intellectuelles et artistiques... tant par les rôles que par les interviews.

Visage partout, esprit nulle part ; des représentations presque irrémédiablement cantonnées (à quelques notables exceptions près) à la pose aguicheuse et au sourire mutin, voués à lever un désir de pacotille.

Ce beau livre, Fragments, alterne photographies différentes et fac-similés (en anglais et en français) de ses écrits. Découvertes de choix. Un riche tapuscrit datant de son premier mariage, alors qu'elle n'a pas 18 ans ; des brouillons, des réflexions lucides et bien écrites sur son métier et sa carrière... et quelques poèmes fulgurants. 

Pierres sur le chemin
de toutes les couleurs
je vous contemple
comme un horizon - 
l'espace / l'air est entre nous et fait signe
et je suis plusieurs étages au-dessus
mes pieds tremblant 
tandis que je m'agrippe à vous

 ***

Seuls quelques fragments de nous
toucheront un jour des fragments d'autrui - 
La vérité de quelqu'un n'est 
en réalité que ça - la vérité de quelqu'un
On peut seulement partager 
le fragment acceptable pour le savoir de l'autre
ainsi on est 
presque toujours seuls
Comme c'est aussi le cas
de toute évidence dans la nature - au mieux peut-être
notre entendement pourrait-il découvrir
la solitude d'un autre.


 
Le fleuve silencieux s'agite et remue dès que quelque chose passe dessus, le vent, la pluie, les gros bateaux. J'adore le fleuve - jamais affecté par quoi que ce soit. 
C'est calme maintenant et le silence est seul, exceptés le grondement de tonnerre des choses inconnues et au loin des coups de tambour très présents, et sauf des cris perçants et le murmure des choses, et les bruits aigus et soudain étouffés en gémissements au-delà de la tristesse - terreur au-delà de la peur. Le cri des choses, vague et trop jeune pour être encore connu. 
Les sanglots de la vie même. 

Tu dois souffrir - de la perte de ton or sombre quand ta couverture de feuilles déjà mortes te quitte
Fort et nu tu dois être - vivant quand tu regardes la mort droit devant penché sous le vent 
 
Et porter la souffrance et la joie du nouveau dans tes membres. 
 
Solitude - sois calme. 

Photo de Joshua Logan prise chez William Goetz en 1956

Un beau cadeau à faire ou à se faire.

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