En inconditionnelle de Fanny Ardant et touchée par la jolie bande-annonce, je me suis empressée d'aller voir Les Beaux jours.
On y sourit souvent et avec bonheur, et on y est ému.
Les deux - non, les trois acteurs y font merveille. La grande Fanny n'a rien perdu de son humour sarcastique, de ses traits affirmés, de sa voix envoûtante et de son élégance, même en blond décoloré, ce qui est un exploit... Et tout cela, comme toujours, en restant fragile, au bord de la fêlure. La maturité lui va comme un gant, et ce rôle de "jeune fille aux cheveux blancs" - lirai-je le roman de Fanny Chesnel, coscénariste ? - également : elle le compose à son habitude, avec profondeur et subtilité. L'actrice et la réalisatrice Marion Vernoux semblent avoir trouvé ensemble un second souffle aussi puissant que le vent qui balaye le Nord.
Les deux rôles masculins, avec leurs faiblesses et leurs petites bassesses amoureuses, autour de la jeune retraitée qui bat maladroitement des ailes sous la peur de l'ennui, composent un duo aussi juste que touchant. On ne présente plus Patrick Chesnais, évidemment ; mais Laurent Laffite surtout se révèle à mes yeux qui l'appréciaient peu jusque-là : je l'ai trouvé bonifié, tout en retenue, très crédible
Les faux beaux jours ont lui tout le jour, ma pauvre âme,
Et les voici vibrer aux cuivres du couchant.
Ferme les yeux, pauvre âme, et rentre sur-le-champ :
Une tentation des pires. Fuis l'infâme.
Ils ont lui tout le jour en longs grêlons de flamme,
Battant toute vendange aux collines, couchant
Toute moisson de la vallée, et ravageant
Le ciel tout bleu, le ciel chanteur qui te réclame.
Ô pâlis, et va-t'en, lente et joignant les mains.
Si ces hiers allaient manger nos beaux demains ?
Si la vieille folie était encore en route ?
Ces souvenirs, va-t-il falloir les retuer ?
Un assaut furieux, le suprême sans doute !
Ô, va prier contre l'orage, va prier.
Et les voici vibrer aux cuivres du couchant.
Ferme les yeux, pauvre âme, et rentre sur-le-champ :
Une tentation des pires. Fuis l'infâme.
Ils ont lui tout le jour en longs grêlons de flamme,
Battant toute vendange aux collines, couchant
Toute moisson de la vallée, et ravageant
Le ciel tout bleu, le ciel chanteur qui te réclame.
Ô pâlis, et va-t'en, lente et joignant les mains.
Si ces hiers allaient manger nos beaux demains ?
Si la vieille folie était encore en route ?
Ces souvenirs, va-t-il falloir les retuer ?
Un assaut furieux, le suprême sans doute !
Ô, va prier contre l'orage, va prier.
Paul Verlaine
4 commentaires:
Et bien voilà qui me conforte une nouvelle fois dans l'envie d'aller voir ce film !
Effectivement, la couleur blonde m'avait d'abord surprise, tout comme le choix de Laffite, mais je suis impatiente de me laisser prendre au film !
Merci pour ce nouvel article !
Et je ne connaissais pas ce poème de Verlaine, il est très beau !
Tant mieux alors si tu le découvres, mais une fois que tu auras vu le film, ce sera encore mieux de le relire à l'aune de l'intrigue :-)
Parfois, un poème en dit plus long qu'un résumé de critique !!
Très belle écriture, j'adore lire tes articles et me laisser bercer par tes mots, un autre film que tu me donnes envie de découvrir. Très beau poème également qui est lui aussi une découverte. Des bisous
Enregistrer un commentaire