mercredi 12 février 2014

Pour l'amour de Paris : Brassaï à l'Hôtel de ville

Paris... Ses potentialités sans fin, ses pulsations, ses villes dans la ville, ses façades apaisantes et pleines de surprises, ses commerçants bien plus sympathiques qu'on ne dit (lorsqu'on les choisit bien!)... 
Que j'aime Paris. 
Avec quelques amies, nous avons donc décidé de prendre froid de concert samedi dernier, en faisant la queue pour la belle exposition Brassaï "Pour l'amour de Paris". 
1H30 seulement un samedi après-midi : raisonnable, non ? 
Elle est assez fournie (compter deux heures en prenant son temps) et divisée en cinq parties :
Le Paris de Marcel Proust / Les murs de Paris / Le Paris des années folles /Le Paris de Picasso / Le Paris éternel du flâneur

Tout en parlant de l'exposition, j'insère pour vous et pour moi un bouquet des photos qui m'ont le plus frappée (curieusement, celle choisie pour l'affiche est une de celles que j'aime le moins, je la trouve figée...).

L'ami des peintres et des auteurs (de si belles photos de Prévert - mais elles ne sont pas présentes dans cette exposition), qui apprit le français dans les romans de Proust, lui-même écrivain et artiste polyvalent, déploie un sens du noir et blanc, de la nuit et du jour, qui laisse rêveur. 
Tout prend vie. Un escalier montmartrois se nimbe d'une lumière magique :

 Une gargouille fusionne avec le penseur de Rodin, surplombant la ville-lumière qui l'oublie :

Le caniveau devient digne d'être suivi : 

Le Pont-Neuf est surpris dans la brume :

 J'ai toujours aimé les sujets de dos et les silhouettes sous la pluie ; me voilà servie : 

 Les écorces deviennent objets d'art ; les graffitis des peintures rupestres :


Les travailleurs les plus modestes, les amoureux et les enfants, comme chez Doisneau et Sergio Larrain, Izis et Sabine Weiss, Willy Ronis et Cartier-Bresson, comme chez tous les grands photographes humanistes, sont là, dans leur éternelle beauté, leurs fatigues, leurs joies, leurs sourires, leurs mimétismes.

 





On retrouve aussi les ateliers d'artistes et leurs modèles, le petit monde d'Antoine, le coiffeur le plus célèbre de tous les temps, le monde sulfureux et naïf à la fois des maisons closes... les miroirs des cafés et les regards qui s'y croisent et s'y perdent, les élégantes et les demi-mondaines... et quelques beaux nus.





et même ce chat envoûtant bien connu : 

A voir aussi, un sympathique court-métrage plein de singes sautillants, la tour Eiffel, et tant d'autres choses...

La photographie (humaniste surtout) est l'un de mes arts préférés : il est peut-être le plus accessible à tous, que ce soit pour le pratiquer ou l'apprécier ; il procure une émotion fugace, éphémère ; on regarde souvent moins longtemps une photo qu'un tableau, et pourtant... peu à peu la vision de l'artiste s'imprègne si profondément en nous qu'on pourrait croire avoir vécu là, à la même époque. Le monde s'élargit et devient plus familier.

Quant à Paris... Il faudrait y vivre sans y vivre, pouvoir y transplaner un matin de semaine, avoir les moyens d'y habiter au calme et dans la verdure...
C'est une ville où je me suis sentie chez moi dès la première fois, grâce aux romans de Françoise Sagan lus et relus depuis longtemps. Elle m'a appris l'amour et Paris : je l'en remercie.

Cette exposition ne peut que rendre un peu nostalgique de la photo argentique et de sa qualité, de sa profondeur, de sa vibration, de sa pérennité, aussi...  Ne la voyons pas comme l'ancêtre du numérique, mais comme son acolyte indispensable, plus exigeant, plus réfléchi, plus prenant.

3 commentaires:

Grégory a dit…

Mmmh, l'écorce sur le tronc, sur ma photo préférée de toutes!
Brava Manon, ce blog est bien bon!

Ilianah a dit…

Ça me rappelle quelque chose ^^
Merci d'avoir si bien mis les mots sur cette belle expo !

Farfalla a dit…

Très belle exposition, un joli moment^^